Les maximes du minimalisme

Le minimalisme se traduit-il dans cette tendance par le « moins possible », comme nous le pensons ? Nous avons analysé les racines du minimalisme et ses maximes formées par des sources culturelles hétéroclites, de l’orient à l’occident.

Moins, c’est plus (Less is more) : cette affirmation rendue populaire par l’architecte Mies van der Rohe est devenue le slogan sans équivoque de la tendance minimaliste, caractérisée par l’absence d’ornements et la réduction de la question traitée à son essence pure. Il existe plusieurs mythes rattachés à cette définition, puisque les tendances ne sont pas aussi authentiques que nous le pensions initialement, et surviennent toujours comme contestation radicale d’un mouvement précédent.

Dans les années soixante-dix, après la dévastation laissée par la Seconde Guerre mondiale et son empreinte artistique manifestée par l’expressionnisme abstrait, dont la meilleure définition est représentée par les deux mètres de toile et l’action painting de Jackson Pollock, un nouveau souffle réactionnaire est né et vise à éliminer tout le bruit et baroquisme dominant à l’époque dans toutes les sphères socioculturelles.

Bien que dans son essence, la définition du minimalisme peut sembler aussi simple qu’austère (éliminer tout ce qui est accessoire pour ne garder que ce qui est juste et nécessaire), elle rassemble un courant de pensée philosophique et une tradition millénaire. Le premier petit mensonge du minimalisme se trouve dans l’identification monolithique de Mies van der Rohe comme créateur du minimalisme architectonique, alors que celui qui a doté cette tendance de son esprit est Tadao Ando.

Le taoïsme, le bouddhisme, le feng shui et le zen sont les particules qui forment les atomes du minimalisme. Cela ne se traduit pas seulement par l’incorporation d’éléments orientaux, mais également par une perception de l’expression de l’espace et de la décoration d’intérieur, notamment par le biais de jeux de volumes et l’absence d’objets, ou leur présence très discrète. Au lieu de décorer et remplir, les préceptes sont de rechercher l’essence de l’espace et le laisser s’exprimer sans ornement.

Cette lecture offre un rôle central aux matières premières comme le bois ou la pierre, à des couleurs pures comme le blanc ou les tons pastel et aux formes géométriques simples. Tous sont des éléments qui ne font ni bruit ni ne déforment l’espace pour nos yeux ; l’esthétique idéale du vide face à l’horror vacui.

Zen Minimalisme

Arriver à l’essence et au vide nous pousse à la recherche du moi par l’ordre. Éliminer tout ce qui est accessoire et le cataloguer de suite comme tel implique un exercice de connaissance de soi qui va bien au-delà du besoin de libérer de l’espace dans un logement. Cette habitude se transpose du lieu à l’esprit, de sorte que le psychique est entraîné pour reconnaître l’équilibre et trouver la capacité de se centrer sur ce qui est fondamentalement important.

Nous quittons le Japon et entreprenons un autre voyage, en emportant bien sûr le minimum et l’indispensable dans la valise, vers l’Angleterre, puisque c’est en Europe que se trouve une autre des maximes du minimalisme : le fonctionnalisme. C’est-à-dire, la réduction des coûts de production et le regard centré sur l’usage des objets, et non uniquement sur leur application décorative. L’atmosphère de légèreté du minimalisme nous plonge dans la subtilité et l’élégance des formes basiques et des matériaux nobles nus issus de processus complexes de manufacture.

Villa Saboya (Le Corbusier)
Villa Saboya (Le Corbusier)

Au célèbre précepte moins, c’est plus, nous devons ajouter la fameuse devise fonctionnaliste de Le Corbusier qui lui a permis de définir un concept totalement nouveau pour un logement : la maison est une machine à habiter. Cette définition était accompagnée de cinq aspects : éléments concrets de soutien, jardins sur le toit, libre formation des plantes, baies vitrées continues et libre construction de la façade. Cinq aspects intégrés dans une forme géométrique unique qui génère des volumes purs.

Entre tradition et spiritualité japonaises et fonctionnalisme européen, Orient et Occident définissent l’essence complexe du minimalisme, une contradiction harmonieuse évoquée par l’architecte Tado Ando dans cette citation : « Je pense que l’architecture devient intéressante lorsqu’elle montre ce double caractère : la simplicité maximale possible et en même temps, toute la complexité dont on peut la doter. »

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