L’hôtellerie connaît une explosion de nouvelles typologies pour s’adapter aux usages et aux évolutions sociales : nomades digitaux, expériences familiales… Trois vecteurs sont en passe d’être consolidés : opérationnaliser la digitalisation (BIM + data + IA pour une meilleure prise de décision), personnaliser avec du sens (luxe tactile et solutions micro-segments), et boucler la boucle (circularité et seconde vie par le design).
Pour les équipes d’architecture et de design d’intérieur, l’avantage concurrentiel réside dans l’orchestration de l’écosystème – chaîne, fournisseur, industrie – et dans le choix de matériaux qui non seulement habillent, mais gèrent également le temps, l’entretien, la durabilité et le retour sur investissement. Ce sera la nouvelle norme d’hospitalité désirable. Regardons cela à travers cinq tendances.
Une digitalisation opérationnelle
La numérisation n’est plus un mantra et devient enfin une réalité. Dans le secteur de l’hôtellerie, ce qui change vraiment la donne, ce ne sont pas les systèmes d’enregistrement sans file d’attente ou les applications en chambre (qui sont déjà la norme), mais la façon dont ces services sont conçus.
Le BIM (Building Information Management), Revit et les plateformes collaboratives sont devenus le nouveau langage commun entre les chaînes, les studios, les fabricants et les installateurs. Cet écosystème de travail partagé optimise le temps, minimise les erreurs et, surtout, aligne la matérialité avec l’entreprise : ce qui est modélisé est ce qui est fabriqué, installé et entretenu.
De la recherche de produits à la recherche de solutions
En ce qui concerne les matériaux, le changement fondamental consiste à passer du produit à l’application. La prescription évolue vers des solutions par typologie, catégorie et budget. Il ne s’agit pas de « quel panneau » ou « quel placage », mais plutôt de « quelle combinaison de matériaux, de finitions et de procédés » crée une expérience urbaine cinq étoiles par rapport à un complexe familial ou à une auberge de jeunesse. Et développer ce processus en collaboration avec d’autres agents si nécessaire.
Une offre « one stop shop » telle que celle de l’écosystème Habitat 360, avec un portefeuille transversal intégrant le bois et ses dérivés, le HPL, les chants, les placages texturés, les papiers décoratifs, les textiles et le cuir, cristallise cette vision holistique et accélère la prise de décision sans perdre la cohérence esthétique.

La nouveauté ne réside pas seulement dans le quoi, mais dans la manière dont les prescripteurs sont accompagnés. Les bibliothèques numériques, les moodboards téléchargeables, les portfolios de référence et les guides de segments permettent de lancer des projets avec un niveau de définition élevé dès le début et de maintenir ce niveau jusqu’à l’installation. Lorsque ce support est également intégré aux fabricants et aux distributeurs, les résultats sont évidents dans le tableau de bord : moins d’itérations, moins de gaspillage, plus de cohérence.
Concevoir comme le ferait la nature
En matière de durabilité, le discours est également en train de mûrir. Les fiches techniques et l’origine certifiée du bois ne suffisent plus. Ici aussi, une approche holistique est nécessaire, incitant à aborder les questions de circularité, de santé et de traçabilité : quelles certifications sont recherchées (LEED, BREEAM ou WELL), comment les têtes de lit, les armoires ou les portes sont-elles conçues en anticipant dès leur fabrication leur seconde vie ? Quel pourcentage de contenu recyclé est viable pour chaque usage ? Comment les déchets de rénovation sont-ils gérés ?
Le grand défi du secteur hôtelier, principalement du côté de la rénovation par rapport à la construction neuve, est de mesurer l’impact et de prioriser ; c’est pourquoi nous verrons davantage d’objectifs partiels par lot (chambres, F&B – Food & Beverage -, hall d’accueil) et de passeports matériels qui accompagnent l’actif tout au long de son cycle de vie.

Hôtellerie comme luxe hyper-personnalisé
L’hyper-personnalisation est le maître mot de 2025. Du glamping avec jacuzzi aux campings de petite taille, des appart’hôtels familiaux aux hébergements urbains « réservés aux adultes », les offres deviennent de plus en plus fragmentées et le niveau de détail augmente. Cette approche nécessite des matériaux spécifiques (durabilité, entretien, acoustique, toucher) et des catalogues capables de naviguer facilement entre le premium et le durable, entre l’éternel et l’éphémère.
Dans le même temps, le luxe gagne du terrain en tant qu’attitude plutôt qu’en tant qu’étiquette : qualités tactiles, textures profondes, finitions prêtes à l’emploi qui réduisent les délais de livraison, et marqueterie industrialisée qui permet des graphismes, des motifs et une identité de marque sans coûts artisanaux inabordables.
Évolution des usages dans l’hôtellerie
Le dernier levier silencieux qui va de pair avec l’hyper-personnalisation : le changement d’usage. La conversion de bureaux en hôtels, d’hôtels en espaces de coliving, d’immeubles résidentiels en bâtiments touristiques entiers s’intensifie. Ici, la numérisation est à nouveau essentielle — mesures précises, compatibilité technique, simulation de flux — et la stratégie des matériaux fait la différence : solutions amovibles, finitions à forte rotation pour les zones d’impact et familles esthétiques qui facilitent les remplacements sans laisser de « patchs ».


