Plus résistant que le verre et que de nombreux plastiques, le bois transparent apparaît comme l’un des matériaux les plus innovants du 21e siècle, selon une étude publiée dans l’Annual Review of Materials Research. Bien que cela ressemble à de la science-fiction, cette technologie trouve ses racines dans une expérience de 1992, lorsque le botaniste allemand Siegfried Fink a réussi à créer un type de bois translucide permettant d’observer les tissus végétaux sans avoir à les disséquer.
Des décennies plus tard, cette découverte a été réactivée par des scientifiques tels que Lars Berglund de l’Institut royal de technologie KTH en Suède ou Liangbing Hu, de l’Université du Maryland aux États-Unis, qui le voit comme une alternative écologique et multifonctionnelle aux matériaux conventionnels comme le verre ou le plastique.

Comment est créé le bois transparent ?
Comment cet effet surprenant est-il obtenu ? Le bois est constitué d’un réseau de canaux cellulaires qui transportent l’eau et les nutriments. Ces canaux sont maintenus ensemble par la lignine, le polymère qui donne au bois sa rigidité et sa couleur. En retirant ou en blanchissant la lignine et en remplissant les espaces vides avec de la résine (comme l’époxy), les chercheurs sont en mesure d’adapter l’indice de réfraction de l’ensemble, permettant à la lumière de passer presque sans entrave. Le résultat est un matériau qui conserve la texture naturelle du bois, mais avec une translucidité comparable au verre dépoli.
Qualités et applications du bois transparent
Ses performances techniques sont remarquables : d’une épaisseur de quelques millimètres seulement, le bois transparent transmet entre 80% et 90% de la lumière, et est également jusqu’à dix fois plus résistant que le verre et trois fois plus que le plexiglas . Cela en fait une option viable pour les applications exigeantes telles que les écrans d’appareils, les fenêtres isolantes (cela éliminerait le besoin d’une double isolation) ou les lampes.
L’efficacité thermique est un autre de ses points forts. Des variantes développées avec des polymères comme le PVA ou des matériaux à changement de phase ont démontré une conduction thermique jusqu’à cinq fois inférieure à celle du verre, ce qui pourrait révolutionner la climatisation passive en architecture, sachant qu’un quart de l’énergie consommée dans les maisons est perdue par les fenêtres. De plus, leur application en tant que fenêtres intelligentes, capables de changer de couleur grâce à l’électricité, est à l’étude.
Tout ce qui brille est-il durable ?
La durabilité est également au centre des préoccupations : de nouvelles techniques à base de peroxyde d’hydrogène et de lumière ultraviolette permettent de blanchir le bois avec une consommation d’énergie moindre. Des résines dérivées d’écorces d’agrumes ont même été développées, éliminant l’utilisation de polymères fossiles sans perdre en transparence ni en résistance.
Bien que des défis subsistent, tels que l’évolutivité et l’impact environnemental en fin de vie, le bois transparent représente une intersection fascinante entre technologie, design et durabilité. Un matériau qui, bien qu’encore en phase expérimentale, nous invite à imaginer des bâtiments plus chaleureux, plus résilients, plus respectueux de l’environnement… de manière plus transparente.

